Les opérations de travail du sol ont une place centrale dans les systèmes de culture car elles modifient l’état des sols (structure porosité répartition des matières organiques etc.) ce qui a des répercussions nombreuses sur la culture. Les sols ayant une bonne stabilité structurale et une forte capacité de régénération de la structure seraient propices à une conversion aux techniques culturales sans labour (TCSL) à l’inverse des sols dont la structure est plus fragile (texture de l’horizon travaillé sableuse et/ou teneur en matière organique faible) comme l’indiquent des revues bibliographiques ou des méta-analyses de résultats d’essais expérimentaux en Europe sur le travail du sol réduit et le semis direct. Pour vérifier cette hypothèse d’un effet dominant de la nature du sol sur le type de travail du sol adopté en dehors du contexte optimisé d’essais agronomiques et sur une gamme plus large de TCSL nous avons analysé l’enquête Agreste – Pratiques culturales menée en 2011 qui recense toutes les opérations culturales de la campagne 2010-11. C’est la première de ce type à comporter une information pédologique assez exhaustive puisqu’elle utilise la typologie de sols « BaseSol » développée par ARVALIS Institut du végétal et porte sur plus de 20.000 parcelles. En analysant les corrélations entre les variables pédologiques « texture de l’horizon travaillé » « hydromorphie » « pierrosité » et le type de travail du sol nous montrons que la texture de l’horizon travaillé est la variable la plus corrélée au type de travail du sol : les sols de texture limono-argileuse sont corrélés à un usage plus fréquent des TCSL à l’inverse des sols à texture sableuse ou sablo-limoneuse plus corrélés à l’usage du labour. Ceci confirme les hypothèses issues de la littérature et nous permet de proposer une typologie de sols uniquement basée sur la texture de l’horizon travaillé en y incluant un type argilo-calcaire. Nous étudions ensuite la répartition des techniques de travail du sol en fonction des contextes agronomiques et pédologiques selon deux approches : les itinéraires de travail du sol (déterminés par l’opération de travail du sol la plus perturbatrice durant la campagne 2010-2011) et les systèmes de travail du sol (nombre d’années sans labour sur la période 2006-2011). La culture présente en 2010-2011 et la succession des cultures sur la période 2006-2011 sont les deux facteurs les plus corrélés respectivement à l’itinéraire de travail du sol et au système de travail du sol. Malgré la prépondérance du contexte agronomique pour expliquer le travail du sol mis en œuvre on montre également que des effets pédoclimatiques sont notables : les sols argilo-calcaires sont corrélés à une pratique plus fréquente des TCSL (travail superficiel à très superficiel du sol en 2011 système avec TCSL en continu de 2006 à 2011). En revanche les effets limitant de certains types de sol sur l’usage des TCSL ne sont pas clairement identifiés lorsque l’on prend en compte le contexte agronomique.
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