Noël LENEUF
Francis Andreux, professeur (retraité) de science du sol à Dijon, qui a bien connu Noël Leneuf, lui rend hommage ci-dessous.
Bourguignon de naissance et par ses études universitaires en géologie, Noël Leneuf est aussi un des grands anciens de l’ORSTOM, où il a commencé sa carrière en 1948, en recevant les enseignements de Georges Aubert, Stéphane Hénin, Henri Erhart et Raymond Chaminade.
Affectation en Afrique de l’Ouest
Affecté en Afrique de l’Ouest, d’abord au Cameroun, c’est en Côte d’Ivoire qu’il séjourne le plus longtemps et devient chef du service de pédologie de l’Institut d’Enseignement et de Recherches Tropicales d’Adiopodoumé. L’expérience acquise sur le terrain le conduit à soutenir en 1959, devant l’Université de Paris, une thèse de Doctorat en Sciences Naturelles, intitulée : L’altération des granites calco-alcalins et des granodiorites en Côte d’Ivoire forestière et les sols qui en sont dérivés. Très impliqué dans la formation de pédologues d’Afrique de l’Ouest, Noël Leneuf devient Doyen de la Faculté des Sciences d’Abidjan en 1964, jusqu’à son retour à Dijon, au début des années 1970. Il retrouve alors l’Université comme professeur et continue à y accueillir de nombreux stagiaires d’Afrique et de l’ORSTOM, notamment du D.E.A. de Pédologie, qu’il amène sur les terrains du Morvan, du Val de Saône et du plateau bourguignon. Par ailleurs, il envoie régulièrement des étudiants dijonnais dans les formations de troisième cycle d’autres universités, et plusieurs d’entre eux feront de belles carrières en Science du Sol.
Fonctions en France
Au-delà du professeur, Noël Leneuf occupera des fonctions importantes dans la science du sol française puisqu’il sera président du Comité technique de pédologie de l’ORSTOM (1979-1981) et président de l’Association française pour l’étude du sol (AFES) de 1979 à1982. Au nombre de ses publications, on relève ses travaux de thèse, cosignés avec ses maîtres et des collègues comme Bernard Dabin et, ultérieurement, des collaborations avec d’autres orstomiens, Maurice Lamouroux et Yves Chatelin, notamment. Sur le seul site de la documentation de l’IRD, 47 publications de Noël Leneuf sont citées. Dans la décennie 1980, il fait également soutenir à Dijon, plusieurs thèses réalisées à l’ORSTOM, devenu IRD, dont celles de Jean-François Vizier (1982), Vincent Eschenbrenner (1987) et Yves Boulvert (1990).
Sa passion pour les vins de Bourgogne
En outre, Noël Leneuf a depuis toujours une autre passion : celle des grands vins de Bourgogne, comme en témoigne sa qualité de membre du Grand Conseil de la célèbre Confrérie des Chevaliers du Tastevin. Il n’est donc pas surprenant qu’il entreprenne des recherches sur les sols viticoles, dans le cadre de fécondes collaborations avec l’INRA (Suzanne Mériaux, Jean Chrétien), le BRGM (Robert Lautel) et, bien sûr, l’Université (Pierre Rat). Avec eux, il a organisé de nombreuses excursions scientifiques, dans le cadre de congrès régionaux, nationaux ou internationaux, et produit plusieurs travaux de référence. Parmi ces derniers, les chapitres sur la Bourgogne, le Beaujolais et le Jura, dans le livre Terroirs et Vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques (Charles Pomerol Ed.), publié aux Éditions du BRGM, a été traduit en anglais et repris par plusieurs spécialistes mondiaux. Le contenu des cours de Noël Leneuf s’est trouvé fortement marqué par ces activités, lui permettant de dispenser une solide formation en science du sol aux étudiants de la Licence de Science de la Vigne et du Diplôme National d’Œnologue. Ces enseignements ont été pérennisés et transmis à ses successeurs, dans le cadre de l’Institut Universitaire de la Vigne et du Vin, créé en 1992.
Fin de carrière et retraite
Parmi les responsabilités qu’il n’a jamais hésité à accepter, il a dirigé l’Institut de Géologie et a présidé l’Association Française pour l’Étude du Sol (1979-1982) et sa section régionale de Bourgogne. Après sa retraite officielle en 1988, il est resté très actif comme enseignant, conférencier et pédologie-expert. Il était membre de la Commission d’Experts de l’INAO (actuel Institut National de l’Origine et de la Qualité), contribuant, avec Jean Chrétien, à la délimitation de plusieurs Villages de Saône-et-Loire. Une de ses dernières responsabilités officielles aura été la direction du Centre Expérimental Viticole de l’Université, à Marsannay-la-Côte. Enfin, toujours soucieux d’apporter son aide à ses collègues, il avait pris part à l’organisation de l’excursion en Bourgogne, après le Congrès international de l’IUSS, en 1998, à Montpellier.