Dans les zones d’intensification agricole des pays méditerranéens l’azote minéral résiduel après récolte constitue une source majeure de nitrate pouvant être lixivié au delà de la zone racinaire au cours d’une campagne agricole. La présente étude a été conduite dans le périmètre irrigué du Tadla (Maroc). La fertilisation azotée abusive adoptée par les agriculteurs pour les principales cultures d’une part et le fort pouvoir de minéralisation des sols d’autre part laissent un reliquat important d’azote minéral dans le sol. Ce reliquat dont près de la moitié sous forme nitrique est évalué en moyenne sur la profondeur 0-100 cm à 430 247 235 208 et 162 kg/ha respectivement pour les précédents culturaux : maraîchage betterave à sucre jachère céréales et luzerne. Le suivi de l’azote minéral du sol pendant la période estivale a été réalisé dans les mêmes parcelles non cultivées après récolte. Ce suivi a montré que en dépit des faibles humidités l’ammonification persiste et génère une augmentation de la teneur en ammonium dans le sol. Après le retour des premières pluies automnales des quantités appréciables d’azote minéral variant de 5 à 20 mg/kg dans la couche 0 – 100 cm du sol de prédominance nitrique sont libérées dans le sol pour tous les précédents culturaux sauf pour le précédent céréale où se produit une organisation de l’azote. Le taux d’accroissement de N minéral dans la couche 0-100 cm entre la fin de l’été et les premières pluies est de 89 47 51 et 17 % respectivement pour les précédents luzerne cultures maraîchères betterave à sucre et jachère. Il diminue de 21 % pour les céréales. Le rapport Naut/Ntotal est assez variable (entre 0, 60 et 2, 94) suggérant que la minéralisation provient d’un effet ‘ flush ‘ et de la minéralisation de la matière organique du sol des résidus de récolte et du fumier de ferme. L’importance du stock d’azote minéral dans le sol en début de période drainante lié à l’azote minéral résiduel à la récolte et à son évolution pendant l’été constitue un risque de pollution de la nappe par les nitrates. Ce risque dépend de la nature du précédent cultural. Les résultats de cette étude ont permis d’émettre quelques recommandations : la fertilisation nécessite d’être rationalisée en vue d’améliorer l’efficience d’utilisation de l’azote et de réduire l’azote minéral résiduel à un niveau acceptable pour prévenir la lixiviation des nitrates tout en maintenant un niveau de production satisfaisant et économiquement rentable. Pour cela des essais de démonstration ayant pour objectif la réduction des doses d’engrais azotés apportées similaires à ceux conduits pour le blé et la betterave à sucre nécessitent d’être généralisés pour l’ensemble des cultures.
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