Jusqu’à un passé récent le raisonnement de la fertilisation phosphatée a été basé sur les notions de fumure d’entretien et de correction. L’objectif de la fertilisation était d’amener puis de maintenir le sol à la teneur en P extractible jugée souhaitable pour être non limitante du rendement. Le progrès des connaissances et l’évolution du contexte de l’agriculture ont amené les agronomes à faire évoluer ce mode de raisonnement. L’objectif de la fertilisation devient davantage de fertiliser la culture à venir plutôt que d’amener le sol à un niveau de fertilité donné. L’objectif de ce travail est d’évaluer grâce à des simulations les conséquences de cette évolution conceptuelle sur les préconisations de fumure en utilisant deux logiciels (CEBES et REGIFEBT) correspondant à l’ancien et au nouveau mode de raisonnement. Les simulations ont été faites pour 4 successions de culture 9 types de sol et une gamme réaliste de teneurs en p extractible ce qui a conduit au total à 1 152 préconisations de fumure élémentaires. Nous avons vérifié que d’éventuelles différences ‘entre les bases de données des deux logiciels n’étaient pas susceptibles de biaiser les comparaisons. Les simulations font apparaître une certaine cohérence entre les deux démarches les préconisations d’impasse sous REGIFERT correspondent en majorité à des préconisations de correction négative sous CERES et à l’inverse les préconisations d’apport d’une fumure dite de complément de l’offre du sol sous REGIFERT correspondent en majorité à des préconisations de correction positive sous CERES. Cependant les préconisations de fumure REGIFERT sont en moyenne générale inférieures de moitié à celles de CERES. Ces écarts ont deux origines majeures: (i) l’abAndon dans le nouveau mode de raisonnement de l’objectif de redressement des sols. Sous CERES cet objectif de redressement conduit à préconiser une correction positive dans 50 % des cas. Du fait du mode de calcul des fumures associé à cet objectif les fumures préconisées par CERES sont alors très supérieures aux fumures préconisées par REGIFERT dans ces situations (ii) la possibilité qu’introduit le nouveau mode de raisonnement de préconiser des impasses en les faisant porter en priorité sur les cultures sur lesquelles le risque de perte de rendement est minimal (espèces peu exigeantes). Dans la majorité des situations correspondantes CERES préconise une correction négative mais les marges de sécurité associées à ce type de préconisation font que les fumures préconisées ne sont que légèrement inférieures à l’entretien. A l’échelle de la succession les bilans [apports recommandés moins exportations] sont toujours positifs sous CERES même lorsque le sol est bien pourvu alors qu’ils sont négatifs équilibrés ou positifs sous REGIFERT en adéquation avec le diagnostic porté sur l’offre du sol.
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